Par Lisa Clowery, présidente et cheffe de la direction à Marie-Vincent
Aujourd’hui, nous soulignons la Journée mondiale pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants. En tant que dirigeante d’une organisation qui soutient chaque jour les enfants et adolescent·e·s victimes de ces violences, je tenais à faire le point mais aussi à partager les raisons qui nourrissent mon espoir.
Instaurée par l’ONU en 2022, cette journée vient nous rappeler que le fléau des violences sexuelles touche des millions de jeunes à travers le monde, des millions de vie bouleversées, principalement celles de jeunes filles.
Au Québec, des données récentes montrent que les mineur·e·s de moins de 18 ans représentent 62 % des victimes d’infractions sexuelles enregistrées par les services de police (Infractions sexuelles en 2019, ministère de la Sécurité publique – 2021). 99 % des jeunes rencontrés dans nos locaux ont été agressés par une personne connue.
La journée du 18 novembre vise à promouvoir la dignité, la santé, la guérison des survivant·e·s ainsi que leur accès à la justice, dans une réalité où, trop souvent, par honte, ils et elles gardent le silence. Elle met aussi l’accent sur les efforts de prévention et d’éducation, des leviers puissants pour construire une société plus éduquée, capable d’être un véritable filet de sécurité pour nos jeunes.
Justement, à Marie-Vincent, nous soutenons chaque année des centaines de jeunes victimes de violence sexuelle et d’enfants présentant des comportements sexuels problématiques, ainsi que leurs familles. Nous leur offrons, sous un même toit et en collaboration avec nos partenaires des services psychosocociaux, psychothérapeutiques, sociojuridiques, policiers et médicaux.
Nous contribuons aussi à prévenir la violence sexuelle avec plusieurs programmes de prévention et de nombreuses formations qui rejoignent plus de 6 000 personnes œuvrant auprès des jeunes chaque année.
Nous sommes au cœur de la solution, dans un précieux réseau d’organisations au Québec et au Canada qui œuvrent dans des domaines aussi sensibles que l’éducation, la santé et les services sociaux, le sociojudiciaire et le communautaire.
L’une des solutions est dans la collaboration, je le crois sincèrement. Nous sommes d’ailleurs membre fondateur de l’association des Centres d’appui aux enfants et à la jeunesse du Canada qui regroupe une quarantaine d’organismes qui coordonnent leurs efforts et partagent leurs expertises.
Si Marie-Vincent offre déjà du soutien aux jeunes en situation d’exploitation sexuelle, nous devons faire preuve de vigilance et faire évoluer nos pratiques et nos outils en fonction des nouvelles formes de violence, tout aussi dévastatrices pour les victimes, à l’image des cyberviolences sexuelles.
Dans notre combat, nous pouvons compter sur l’appui de la Chaire de recherche interuniversitaire Marie-Vincent, qui nous permet d’enrichir notre réflexion, de développer des programmes adaptés et d’évaluer l’efficacité de nos différentes initiatives. C’est la richesse de ce point de vue qui aide également à guider notre action.
Cependant, tout ce travail ne peut se faire sans le soutien durable de généreuses personnes et organisations donatrices et des pouvoirs publics. Notre mission est absolument essentielle et, pour la poursuivre, nous demandons au gouvernement de réaffirmer son engagement envers la jeunesse, en plaçant le traitement et la prévention des violences sexuelles au cœur de ses priorités.
Les conséquences de ces violences peuvent être catastrophiques pour les jeunes victimes. Sans traitement, celles-ci peuvent développer des addictions, présenter des comportements suicidaires, adopter des pratiques sexuelles à risque et souffrir d’isolement social.
Comme je le mentionnais, le 18 novembre est aussi un jour pour souligner la guérison de ces victimes. C’est là que réside toute la force de l’équipe de Marie-Vincent : lorsqu’un drame survient, lorsque des enfants traversent l’inimaginable, nous permettons à ces jeunes et à leurs familles de retrouver espoir, de se reconstruire, de s’épanouir et de continuer à rêver. Nous constatons quotidiennement d’incroyables actes de résilience de leur part, des actes qui nous inspirent et qui renouvellent chaque jour notre détermination à poursuivre notre travail.
Ensemble, un pas à la fois, bâtissons un monde sans violence envers les enfants et les adolescent·e·s.

